Anne-Laure Liégeois s’empare du texte Les Soldats, de la traduction à la mise en scène, pour mieux en dévoiler l’univers politique et poétique. Elle propose une véritable immersion dans le monde de Lenz !
Les Soldats, c’est la destruction d’une jeune fille qui se découvre femme. Très jeune, Marie, fille de commerçants, aime un jeune garçon. Stolzius a son âge, il est de sa classe sociale, celle des marchands. Tout semble organisé parfaitement pour que commerce et amour se réalisent dans un simple et prolifique mariage, mais bientôt Marie chavire et abandonne l’amour du jeune homme pour celui d’un capitaine en garnison à Armentières. Quand ce dernier l’abandonne, c’est le début d’une lente tragédie. Marie s’offre aux jeux d’une meute de loups, une bande de soldats.
Derrière cette histoire sombre, Anne-Laure Liégeois, artiste associée au Volcan pendant trois années, dépeint le parcours vers la déchéance de jeunes filles victimes de la violence des hommes éduqués dans la conscience de la puissance de leur sexe. C’est aussi le récit de la relation violente et autoritaire qui lie les parents aux enfants. L’artiste donne également à voir les comportements de castes et l’appartenance inexorable à une classe.
Lenz a écrit principalement trois textes. Les Soldats paraît en 1775. Il a 24 ans. Vingt ans plus tard, devenu fou, il plonge dans les torrents glacés des Vosges, voit apparaître les anges, se lance plusieurs fois par les fenêtres, avant de mourir à 41 ans. Avec Les Soldats, Anne-Laure Liégeois a fait une découverte « c’est le plus beau texte qu’il m’ait été offert de rencontrer, magnifique… l’expression de l’union de l’âme et de la nature qui le parcourt… Il me fallait connaître l’auteur. » Dans cet élan créatif elle met en scène la nouvelle de Buchner Lenz comme une seconde pièce, un spectacle en after, une représentation comme un cadeau, un objet plus intime offert dans la nuit sur le plateau désert. Lenz dit la douloureuse folie de l’auteur à l’endroit même où son texte s’est épanoui, sur les empreintes encore fraîches du corps de Marie.
0 Commentaire Soyez le premier à réagir